THE TIME YOU ENJOY WASTING IS NOT WASTED TIME
"Bertrand Russel"
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lundi 21 mars 2011

Gustatif



À cette heure, je commence à avoir faim, moi! Toute cette couleur orange à chaque station me donne envie d'un canard, tiens! Juteux et cuit à point... j'oserais même, accord inusité certes, mais bon j'en ai envie, un bon verre de sauternes pour l'aider à descendre doucement vers mes enzymes enthousiastes. Mmmh, menoum! Mais! Mais qu'est-ce que c'est que cet hurluberlu?!? Pouah! Tu parles d'un turn off! Il me rappelle exactement ces assiettes de boudin rôti servies dans mon enfance alors que je devais mastiquer pendant de longues minutes cette brune mixture fade de sang cuit qui me roulait dans la bouche indéfiniment. Et même ses chaussures me rappellent les petits oignons marinés servis avec cette pouasse! Jusqu'à sa cravate horizontale, ridiculement coincée dans les portes me rappelle les tranches de bacon trop cuites, raides et froides, qui niaisaient à côté du boudin dégueux. Beurk... j'ai comme un p'tit goût de reflux gastrique qui me remonte tout à coup.

Heureusement, une fraîche cascade de rires clairs sortant de la pulpeuse bouche framboise – ah, ces petits fruits gorgés de soleil et de rosée qui explosent de saveur lorsque cueillis le long des sentiers de canicule  de la jeune fille au teint de pêche me ramène au glouglou de mon verre de sauternes. Mais qu'est-ce qu'elle rigole, la belle! Elle se fend la poire pas à peu près. Le boudin en prend pour son compte! Et woush! Dès que les portes s'ouvrent, il disparaît comme restants aux poubelles! Bon débarras! Non mais sa seule vue couperait l'appétit à un banc de piranhas a jeun!


Mais c'est que j'ai de plus en plus faim, moi là... et en plus, fallait que je vienne rapporter ce livre de cuisine emprunté à la Grande Bibli avant de rentrer souper... Argh! J'aurais dû m'apporter un en-cas... des dattes fourrées au fromage bleu... mmh le mélange de sucré-salé parfait... ou des figues séchées... des amandes au tamari... NON MAIS J'HALLUCINE OU QUOI!!! Si c'est pas le boudin, juste là, avec sa tranche de bacon en biais et ses p'tits oignons puants! En plus, son cellulaire émet des sons de borborygmes à tue-tête!! Ah ben justement, en pensant "amandes", il y a une paire de yeux là qui le cuisent sur place. Ouch! V'là-t'y pas qu'il mange une de ces taloches en direct du soleil levant! Ha,Ha!! Ben bon, le boudin!
Tiens, ça me donne envie tout-à-coup de me payer de l'asiatique dans le coin, tout ça... des légumes croquants... du gingembre... un bon riz collant et... du canard?


***
Ce texte est ma deuxième participation au projet de Clarence L'Inspecteur qui s'est donné comme mission de refaire les fameux exercices de style de Raymond Queneau avec la contribution de tout blogueur assez willing et enthousiaste pour se commettre. 

Je vous invite à aller prendre connaissance du texte original à adapter selon les styles choisis ainsi qu'à aller lire toutes les versions déjà rédigées de ce texte sur le blogue : On est toujours trop bon.

lundi 6 décembre 2010

Ampoulé


Pendant que les aiguilles du temps chatouillent les chiffres taciturnes de l'horloge au zénith de cette journée morose, un quidam hagard, le corps vêtu à la Denis Drolet et les pieds chaussés d'aveuglantes espadrilles javellisées, arriva en trombe, tel le Ben Johnson de la poudre d'escampette, et se faufila en douce à la façon de l'anguille sous roche entre les parois caoutchouteuses des portes métalliques du wagon, wagon qui dans quelques secondes s'engouffrera dans les abîmes de la métropole. C'est ce moment précis que choisit le destin, histoire de détendre l'atmosphère un brin, pour faire de ce nerveux sprinter le prisonnier des mâchoires d'acier du monstre souterrain, le retenant seulement par les quelques centimètres du sombre tissu synthétique ornant pathétiquement le col... de sa déconfiture.


Une jouvencelle mélomane, le séant posé sur une banquette de choix, savoura chaque seconde de l'acte qui se déroula sous ses yeux hilares. Étouffé d'orgueil plus que de sa fâcheuse position, le malheureux tenta bien, par la réprimande, de se refaire une prestance, mais en vain, car les piteux borborygmes s'échappant en grappes de sa bouche vineuse, vinrent alimenter les soubresauts incontrôlables de la maintenant pliée en deux demoiselle amatrice de gadgets technos. Même les mâchoires du destin se desserrèrent, et le ridicule s'échappa au galop...
La belle n'eut plus, pour se distraire, qu'à augmenter d'un mouvement du pouce tout en circonvolutions, le niveau en décibels de sa bébelle et fredonna « Ironic » de Alanis Morissette.


Quelques heures plus tard, alors que j'errais dans l'antre du savoir gardienne des traces de notre passé, je revis, de mon œil alerte et aiguisé tel l'aigle repérant le brun mulot trottinant dans les hautes herbes du haut des cimes des falaises escarpées dans le brouillard du petit matin, l'homme à la cravate chiffonnée affalé dans toutes ses aises affairé à feuilleter d'un regard absent les paroles, imprimées sur papier recyclé, des grands de ce monde. Déchirant soudain le pudique voile du silence frileux, le son bête de son téléphone intelligent hurla une musique de synthèse, reprise d'un tube niais, sans pour autant froisser le reste de son anatomie. La jaune amazone assise derrière lui le fustigea d'une magistrale claque débridée qui le frappa tel un tsunamis de mépris.

***

Que j'm'explique...

Ce texte, là, en haut, est un exercice de style. C'est ma modeste contribution au projet de Clarence L'inspecteur qui reprend en version web, les fameux EXERCICES DE STYLE en hommage à Raymond Queneau. Honnêtement, je ne connaissais pas Raymond Queneau avant hier. J'peux pas dire que je le connais mieux aujourd'hui, mais je sens qu'il me plaît bien. En bref, il a raconté 99 fois la même histoire en 99 styles différents et ce, dans un même livre. Juste pour ça, je lui lève ma casquette, ma brassière et mes jarretelles! Faut le faire! Non pas de soulever ces accessoires vestimentaires, mais d'écrire en 99 styles différents.
J'en ai même pas un, de style! Je pars de loin pas à peu près! Et qu'est-ce que j'y connais, en écriviture, moi?

Tourque, j'ai accepté de tenter l'expérience car après tout, toute bonne raison de perdre un peu de temps est plutôt bienvenue... et je suis arrivée juste au moment où on en était au style "ampoulé".  Am-pou-lé, toé! Duh...

Tite recherche sur internet : ..."tissu de clichés" ..."souci artificiel de créer un écart par rapport à la langue simple" ..."un usage excessif des figures"... bla,bla,bla... Bon, allez, on plonge! Je ne ferai pas un écrivain de moi en quelques jours, anyway!

Pour connaître le texte original non défiguré et pour lire les autres versions écrites dans différents styles, faut aller sur le site : On est toujours trop bon