THE TIME YOU ENJOY WASTING IS NOT WASTED TIME
"Bertrand Russel"

lundi 6 décembre 2010

Ampoulé


Pendant que les aiguilles du temps chatouillent les chiffres taciturnes de l'horloge au zénith de cette journée morose, un quidam hagard, le corps vêtu à la Denis Drolet et les pieds chaussés d'aveuglantes espadrilles javellisées, arriva en trombe, tel le Ben Johnson de la poudre d'escampette, et se faufila en douce à la façon de l'anguille sous roche entre les parois caoutchouteuses des portes métalliques du wagon, wagon qui dans quelques secondes s'engouffrera dans les abîmes de la métropole. C'est ce moment précis que choisit le destin, histoire de détendre l'atmosphère un brin, pour faire de ce nerveux sprinter le prisonnier des mâchoires d'acier du monstre souterrain, le retenant seulement par les quelques centimètres du sombre tissu synthétique ornant pathétiquement le col... de sa déconfiture.


Une jouvencelle mélomane, le séant posé sur une banquette de choix, savoura chaque seconde de l'acte qui se déroula sous ses yeux hilares. Étouffé d'orgueil plus que de sa fâcheuse position, le malheureux tenta bien, par la réprimande, de se refaire une prestance, mais en vain, car les piteux borborygmes s'échappant en grappes de sa bouche vineuse, vinrent alimenter les soubresauts incontrôlables de la maintenant pliée en deux demoiselle amatrice de gadgets technos. Même les mâchoires du destin se desserrèrent, et le ridicule s'échappa au galop...
La belle n'eut plus, pour se distraire, qu'à augmenter d'un mouvement du pouce tout en circonvolutions, le niveau en décibels de sa bébelle et fredonna « Ironic » de Alanis Morissette.


Quelques heures plus tard, alors que j'errais dans l'antre du savoir gardienne des traces de notre passé, je revis, de mon œil alerte et aiguisé tel l'aigle repérant le brun mulot trottinant dans les hautes herbes du haut des cimes des falaises escarpées dans le brouillard du petit matin, l'homme à la cravate chiffonnée affalé dans toutes ses aises affairé à feuilleter d'un regard absent les paroles, imprimées sur papier recyclé, des grands de ce monde. Déchirant soudain le pudique voile du silence frileux, le son bête de son téléphone intelligent hurla une musique de synthèse, reprise d'un tube niais, sans pour autant froisser le reste de son anatomie. La jaune amazone assise derrière lui le fustigea d'une magistrale claque débridée qui le frappa tel un tsunamis de mépris.

***

Que j'm'explique...

Ce texte, là, en haut, est un exercice de style. C'est ma modeste contribution au projet de Clarence L'inspecteur qui reprend en version web, les fameux EXERCICES DE STYLE en hommage à Raymond Queneau. Honnêtement, je ne connaissais pas Raymond Queneau avant hier. J'peux pas dire que je le connais mieux aujourd'hui, mais je sens qu'il me plaît bien. En bref, il a raconté 99 fois la même histoire en 99 styles différents et ce, dans un même livre. Juste pour ça, je lui lève ma casquette, ma brassière et mes jarretelles! Faut le faire! Non pas de soulever ces accessoires vestimentaires, mais d'écrire en 99 styles différents.
J'en ai même pas un, de style! Je pars de loin pas à peu près! Et qu'est-ce que j'y connais, en écriviture, moi?

Tourque, j'ai accepté de tenter l'expérience car après tout, toute bonne raison de perdre un peu de temps est plutôt bienvenue... et je suis arrivée juste au moment où on en était au style "ampoulé".  Am-pou-lé, toé! Duh...

Tite recherche sur internet : ..."tissu de clichés" ..."souci artificiel de créer un écart par rapport à la langue simple" ..."un usage excessif des figures"... bla,bla,bla... Bon, allez, on plonge! Je ne ferai pas un écrivain de moi en quelques jours, anyway!

Pour connaître le texte original non défiguré et pour lire les autres versions écrites dans différents styles, faut aller sur le site : On est toujours trop bon

7 commentaires:

  1. well, well,
    someone's in a good mood!!
    nice to see you found yourself a new project. bel excercice!! bien hate de lire la suite. quel style est au menu? moi, je me contenterai de mes projets photos, mes 2 minous, pis blogger en anglais. a chaque fois que j'ecris en francais, mon spellcheck me dit que tout est mal ecrit... meme mon ordi s'objecte a mes efforts en francais!!
    :D~
    HUGZ

    RépondreEffacer
  2. Well, miss! Ziss iz peurfaict!

    Il ne manque que "Exclamations" avant que je puisse le poster sur On est toujours trop bon.

    (Moi, à ta place, j'enlèverais le "je revis, dis-je" en incise dans le dernier paragraphe. Ta phrase est ampoulée, certes, mais tout-à-fait compréhensible sans ce retour qui alourdit.)

    C'est très bon, j'espère que tu vas nous en faire d'autres.

    RépondreEffacer
  3. @ Ticklebear: Merci, cher anglophile. Tu me connais, si j'ai une chance à quelque part de pouvoir m'amuser, je saute dessus! Surtout ce genre de projet sur la toile! ;¬)

    @ Clarence L'inspecteur: Pffiou!! Merci pour l'encouragement!

    Il se pourrait fort bien que je me laisse aller à l'exploration d'autres styles.

    Tu sais ce que j'aime? C'est que non seulement c'est un plaisir, mais en plus, j'apprends! Merci encore!

    (je vais suivre ton conseil de ce pas...)

    RépondreEffacer
  4. Héhéhéhé
    J'aime bien le style ampoulé.

    Puis-je vous diriger chez moi où je me suis amusé à faire le même exercice, mais d'une manière plus explicite disons...

    http://obsessif.wordpress.com/2010/04/15/des-exercices-de-style-1/

    Par curiosité. Bonne lecture

    RépondreEffacer
  5. @ L'Obsessif: Explicite, vous dîtes? J'en ai avalé mon chapelet!

    Ce qui m'a, du coup, libéré les mains... hi,hi,hi!

    Ainsi je pourrai empoigner, gifler, castrer, ce qui me plaira...

    Au plaisir!

    RépondreEffacer
  6. Quel abus de métaphores ! J'en reste pantoise. Bravo pour l'exercice de style !

    RépondreEffacer